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Le cinéma d’animation ukrainien

Conclusion

Voilà, c’est déjà fini. J’espère que vous aurez découvert beaucoup de beaux films et vous avoir donné envie de découvrir un cinéma d’animation méconnu. J’ai essayé de varier les exemples et de proposer un tour d’horizon représentatif. Ma modeste ambition n’était certainement pas de faire un document exhaustif, mais seulement de mettre davantage à portée de main un monde merveilleux qui peut paraitre lointain. Je préfère les techniques artisanales, je ne m’en cache pas. J’aime les films qui puisent dans une culture et arborent une esthétique affirmée, c’est tout cela qui donne une identité. Je ne dis pas que c’était mieux avant. Je déplore seulement une certaine uniformisation de techniques et de styles. Je déplore, et ne suis pas le seul, que les moyens d’aujourd’hui se suffisent parfois à eux-mêmes et ne sont pas mis au service d’une vision artistique. Je me suis peu intéressé à l’animation ukrainienne récente. Mais pour ce que j’en ai vu, elle est moins stylisée, moins artisanale, moins enthousiasmante. Elle répond aux standards (im)posés par les grands studios depuis les années 1990. Cependant, je serais heureux de voir un jour Mavka : The Forest Song (Мавка: Лесная песня) qui doit sortir en 2022, mais vu le contexte actuel, c’est loin d’être gagné… L’effondrement de l’URSS a nécessairement joué sur l’uniformisation de la production. Si l’on peut reprocher beaucoup de choses à cette entité politique aujourd’hui disparue, on ne doit pas oublier que c’est ce relatif isolement politique qui a permis l’émergence d’une culture unique. Les amoureux de la culture japonaise doivent aussi avoir conscience que si une culture a pu s’affirmer à ce point, la fermeture du pays n’y est pas étrangère. Je ne veux pas revenir dans le passé, mais seulement que parfois on s’arrête pour regarder en arrière et voir si l’on n’a rien perdu ou si cela n’a pas déjà été fait. On nous vend avec force les innovations du XXIe siècle.

La mode actuelle n’est plus de dire c’était mieux avant, mais de soutenir que dans le passé c’était moins bien, et qu’aujourd’hui on a de meilleures idées, comme celles de prendre en compte toutes les revendications imaginables. Je pense par exemple à la présence des femmes derrière la caméra. On a souligné que le film d’animation de Disney, La Reine des neiges, était réalisé par une femme. Or, même si Jennifer Lee était bien la première réalisatrice chez Disney, ça ne reste que Disney. Le monde ne s’arrête pas à Mickey. Cela n’a rien de nouveau. En URSS, des réalisatrices ont opéré sur des films d’animation dès les années 1920 comme Olga Khodataïeva ou les sœurs Broumberg qui travaillèrent dans ce domaine à cette époque. Sans oublier les Ukrainiennes, comme vous avez pu le lire dans ce dossier. Se pencher sur l’histoire permet de donner un éclairage différent sur les « avancées » du présent. C’est juste cela que j’encourage, regarder parfois en arrière n’est pas s’y complaire. Mais oui, quelques fois, c’était mieux avant. En tous cas, cela permet au moins de relativiser le présent.

Cependant, nous avons de la chance d’avoir des éditeurs couillus en France. Spectrum Films pour les films hongkongais, Malavida pour le cinéma tchèque, Artus Films qui ose sortir des films d’Alexandre Ptouchko… C’est bien, il faut continuer. Le cinéma d’animation russe est représenté en France, plusieurs DVD et documentaires y sont consacrés, mais il y a encore tellement à faire. Il faut débarrasser le public de ses considérations politiques largement influencées par les médias, pour aller au-delà. Il ne faut pas de jugement, seul compte l’art. Un peuple n’est pas responsable des décisions inconsidérées de son chef. Un art n’est que le reflet d’une culture, même s’il peut être instrumentalisé par le pouvoir. Néanmoins, il faut faire abstraction de certains sentiments, au risque de favoriser finalement une certaine stigmatisation que le public a vite fait de nier.

Le vrai amour de la culture est dans la découverte et le partage. J’ai appris beaucoup de choses grâce à d’autres, ce qui m’a donné des bases pour aller plus loin moi-même. Offrir une chance aux petits sites amateurs comme le mien, c’est favoriser en un sens l’ouverture d’esprit. Je n’en tire aucun bénéfice, je ne suis pas empêtré dans des intérêts politiques ou commerciaux qui pourraient m’empêcher de parler comme je le veux ou m’obliger à faire du politiquement correct. J’ambitionne seulement de partager et faire réfléchir. Ce qu’oublient trop souvent les médias, c’est que le public est au centre du dialogue entre passeur et destinataire, il n’est pas seulement la cible.

Je souhaite de tout cœur (naturellement) avoir pu intéresser certains d’entre vous. Je ne suis pas à l’abri d’une erreur, le fait de ne pas parler ukrainien ou russe m’a contraint parfois à faire des choix interprétatifs qui peuvent s’avérer maladroits, c’est logique. D’autant que les informations ne sont pas légion. Néanmoins, j’estime, avec les ressources limitées qui sont les miennes, avoir fait un travail sérieux. Il ne tient qu’à vous de creuser plus profond dans ce monde de l’animation ukrainienne. Je n’ai qu’effleuré son contenu. J’espère vous avoir rendu sensibles à cette culture, à cette animation. Comme vous avez pu le voir, les techniques artisanales sont nombreuses et variées. Les films diffusent une indescriptible nostalgie, tant ils évoquent le passé, l’enfance et tout simplement une vie sur pellicule. On s’inspire souvent de légendes locales ou de l’histoire, qu’elle soit ancienne ou récente. On met en avant la culture populaire avec ses croyances. Les réalisateurs et réalisatrices ont aussi tenu à célébrer l’héritage artistique de leur pays avec des styles emblématiques comme les motifs brodés, en allant même jusqu’à mettre en scène les matriochkas ! Il n’est pas difficile de faire un film d’animation vivant et authentique ; un peu de culture, un soupçon de magie, un zeste d’artisanat, une once de style et on a une petite perle. Il faut rajouter qu’en plus de ces qualités esthétiques, les films d’animation évoqués ne sacrifient que rarement au fond. Les histoires sont parfois simples, mais souvent intéressantes, originales ou fortes. Je considère sincèrement plusieurs des films évoqués comme de véritables œuvres d’art. J’appelle de tout mon cœur à faire restaurer ces films pour leur rendre l’hommage qu’ils méritent et de les faire connaître. Qu’ils puissent un jour bénéficier d’une sortie chez nous.

Si ce dossier vous a plu, n’hésitez pas à me le dire ! Les commentaires chaleureux font chaud au cœur. Proposer un contenu différent est un risque. Je suis prêt toutefois à recommencer autant que j’en aurai l’énergie. Je parlerai des autres cinémas d’animation des pays d’Europe de l’Est. Laissez-moi juste le temps de vous convaincre qu’à quelques frontières de chez nous, gît un trésor incroyablement varié de techniques, de traditions et de cultures. Peut-être le plus riche au monde. À bientôt !


Table des matières

1.Préambule
2.Le début du voyage
3.Cherkassky David (Черкасский Давид Янович), 1932-2018
4.Dakhno Vladimir (Дахно Владимир Авксентиевич), 1932-2006
5.Goncharov Vladimir (Гончаров Владимир Максимович), 1940-2022
6.Gurvich Irina (Гурвич Ирина Борисовна), 1911-1995
7.Kirik Anatoliy (Анато́лій Пили́пович Ки́рик) 1938-?
8.Kostyleva Valentina (Костылева Валентина Андреевна), 1946-?
9.Orshansky Caesar (Оршанский Цезарь Абрамович) 1927-2016
10.Pavlenko Tadeush (Павленко Тадеуш Андреевич) 1934-2004
11.Pruzhansky Ephrem (Пружанский Ефрем Аврамович) 1930-1995
12.Sivokon Yevgeny (Сивоконь Евгений Яковлевич) 1937-?
13.Vassilenko Nina (Василенко Нина Константиновна) 1906-1999
14.Viken Alexander (Викен Александр Владимирович) 1947-?
15.Zarubin Leonid (Зарубин Леонид Семенович) 1926-2003
16.Conclusion

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