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Les débuts du cinéma d’animation tchécoslovaque : 1925-1945

Il y a toujours un avant. Avant l’heure de gloire du cinéma d’animation tchécoslovaque de la moitié des années 1940 jusqu’aux années 1960, avant l’avènement d’Hermína Týrlová, de Jiří Trnka, de Karel Zeman, de Břetislav Pojar ou de Jan Švankmajer, avant la cascade de prix internationaux qui les récompenseront, il a bien fallu un début.



L’épopée du cinéma d’animation tchécoslovaque commence dans les années 1920. S’il est bien entendu impossible de citer avec certitude tous les films d’animation de 1925 à 1945, pour la simple et bonne raison que certains sont détruits ou disparus, les films présentés ci-dessous représentent la totalité des films d’animation tchécoslovaques existant encore. Il faut bien admettre que la qualité et même l’intérêt cinématographique n’est pas toujours au rendez-vous, (il y a tout de même des pépites) mais pour quiconque veut creuser et savoir où tout a commencé, ce sont là des facteurs secondaires. Une seule chose prime, comprendre et connaître les débuts d’un des meilleurs cinémas d’animation au monde.



Je vais tâcher, dans cette introduction, de présenter le contexte politique (riche), ainsi que cinématographique. J’insisterai également sur tout film qui me semble important, que ce soit pour son intérêt cinématographique ou bien historique. Qui plus est, comme la célébrité du cinéma d’animation tchécoslovaque est en partie due à la marionnette, je mentionnerai dès que possible cet inestimable attribut. Même si Jiří Trnka, Karel Zeman et surtout Hermína Týrlová seront présents dans ce dossier, j’évoquerai leurs carrières respectives en pointillé pour me concentrer sur la période 1925-1945. D’autant que chacun de ces artistes fera l’objet de dossiers ultérieurs. Commençons donc sans plus attendre.

S’il faut bien préciser un détail d’emblée, c’est que la majorité de la production animée de cette époque est dominée par la publicité. Même si l’on verra, avec le temps, quelques films éducatifs. D’ailleurs, plus on se rapprochera des années 1940, plus la présence des films de divertissement sera importante. Les films d’animation de 1 minute à 7 minutes avaient essentiellement pour but de vendre divers produits. Il était de coutume, à l’époque, que des courts-métrages accompagnent les longs-métrages de fiction. Il faut comprendre que l’industrie du cinéma d’animation n’était pas encore développée. De même que celle du cinéma tchécoslovaque qui commence vraiment à décoller au lendemain de la Première Guerre mondiale. Avec, entre autres, la création en 1921 de la principale société de production tchécoslovaque, A-B, fondée par Miloš Havel, futur créateur, avec son frère, des célèbres Studios Barrandov en 1931-1933. Pour l’heure, la société A-B domine le cinéma tchécoslovaque. Mais si le cinéma se développe doucement, le cinéma d’animation tchécoslovaque, lui, reste poussif. Les quelques films d’animation existant sont en effet conçus par des sociétés de production de film telles que, Elekta Journal Prague, Propagafilm ou encore A-B justement. L’animation est avant tout considérée comme un moyen de vente.



Il faut comprendre que la Tchécoslovaquie, état nouvellement créé suite à la dissolution de l’Empire austro-hongrois, sort en partie ruinée de la Seconde Guerre mondiale. Même si son existence est reconnue en 1918 par le Traité de Pittsburgh qui ratifie l’union des Tchèques et des Slovaques en un État réuni indépendant, tout est à refaire. Comme je le disais, l’industrie cinématographique commence tout juste à se développer. Or, le pays, qui doit se reconstruire, subit en 1921 une crise économique. Il faut donc relancer l’économie en incitant la population à consommer. D’où probablement l’intérêt des films d’animation publicitaires. Outre leur faible coût et leur courte durée, ils constituent un bon moyen de faire connaître un produit. En effet, dans le courant des années 1920, la plupart des films d’animation utilisent la technique du dessin animé, peu onéreuse. Beaucoup des produits proposés font partie intégrante du quotidien. On retrouve ainsi de la publicité pour de la margarine dans le film See How Two Boys and a Dog Fool around These Days, (1925) qui s’allonge quand même sur une durée de 7 minutes. D’autres produits comme de la lessive, du dentifrice ou de l’engrais sont également vantés.



On constate avec humour que les publicités de cette époque n’hésitaient pas à pratiquer le premier degré, comme le film en papier découpé How Can One Receive Favour (1926). Film qui convainc le spectateur masculin que la femme est un être vénal et qu’une belle paire de chaussures suffira à la faire tomber dans ses bras.



Globalement, les films d’animation des années 1920 sont inspirés par l’esthétique des cartoons américains. Que ce soit dans le style de dessin, d’animation ou même carrément dans « l’emprunt » de personnages iconiques de dessins animés, l’influence américaine est nette. C’est ainsi qu’on retrouve Félix le Chat dans plusieurs films d’animation des années 1920 et 1930. Si le personnage est utilisé, lui aussi, pour promouvoir, ce n’est pas tellement pour la vente de produits, mais plutôt pour stimuler l’investissement bancaire. C’est ainsi le cas du film The New Adventures of Felix the Cat (1927). Tous les films le mettant en scène sont réalisés par celui que l’on considère comme le premier réalisateur de films d’animation tchécoslovaque : Karel Dodal.



Si dans un premier temps, Karel Dodal a travaillé pour différentes sociétés comme Elekta à la création de publicités animées ou de trucages pour les films en prises de vues réelles, il finira par fonder son propre studio en 1933 avec sa femme, Irena Dodalová, très impliquée également. Ce studio c’est IRE-Film. Toutefois, l’aventure de Karel Dodal a d’abord commencé avec sa première femme, Hermína Týrlová, qui, dès cette époque, travailla sur l’animation de nombreux courts-métrages. Même une fois divorcée de Dodal, elle continuera d’aider son ancien mari au sein d’IRE-Film, notamment à l’animation. La grande majorité des publicités animées de 1934 jusqu’à 1939 seront d’ailleurs signées IRE-Film, signe d’une reconnaissance ainsi que d’un certain savoir-faire. Le couple Dodal, même s’il a été très actif dans le domaine de la publicité, n’hésitera pas à tenter l’aventure de l’expérimentation et de films plus artistiques.



C’est justement à eux que l’on doit le premier film d’animation vraiment intéressant du cinéma d’animation tchécoslovaque. Ce film, c’est A Water Sprite in Love, réalisé en 1928 par Hermína Týrlová et Karel Dodal. Ce film se distingue déjà par sa longueur de près de 10 minutes, mais surtout, il raconte enfin quelque chose. Même si l’intrigue n’est pas épaisse, le film est un pur divertissement sans réclame aucune. De plus, les auteurs font preuve d’une grande imagination dans les gags, tout en s’inspirant toujours de l’animation américaine. S’il fallait vraiment insister sur l’influence américaine, on peut citer également, ce qui est vraisemblablement le premier film d’auteur du cinéma d’animation tchécoslovaque, Bimbo’s Unfortunate Adventure, réalisé en 1930 par Karel Dodal et Hermína Týrlová. Le personnage de Bimbo n’est autre qu’une copie de Koko le clown créé par les frères Fleischer.



J’ai, pour ma part, été assez surpris par cette influence des cartoons américains. Mais il est un autre aspect de la culture américaine présent dans les films d’animation tchécoslovaques de cette période, une certaine vision commune du peuple noir. En effet, qu’il s’agisse d’Afro-Américains ou de sauvages en Afrique, ils sont montrés de façon caricaturale comme le font si bien les cartoons américains de l‘époque. On retrouve également une considération toute coloniale du peuple africain. Il existe en effet quelques courts-métrages dans lesquels des cannibales africains sont mis en scène, tel que dans A Cabin Boy on Salty Water réalisé par Karel Dodal en 1929. En plus d’utiliser le personnage de Félix le Chat, le film oppose la sauvagerie des cannibales à la société occidentale civilisée, et surtout détentrice de produits modernes que même les anthropophages veulent posséder.



On peut mettre ce film en parallèle avec Johnnie Loves It Clean, réalisé en 1932. Ce film (comme d’autres) fait de la réclame pour de la lessive. Or, l’introduction oppose un nourrisson blanc, propre cela va de soi, à deux petits bébés noirs, sales bien entendu.



Par ailleurs, les années 1930 voient également une autre influence extérieure s’immiscer dans le cinéma d’animation tchécoslovaque : l’arrivée de réalisateurs étrangers. Pourquoi donc ? Parce qu’en 1933, c’est l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler en Allemagne. C’est ainsi qu’un homme, encore peu connu à l’époque, Georges Pal, passera un bref moment à Prague, fuyant le pouvoir nazi. C’est lui qui a réalisé et produit en 1934, A Fairy Tail about a Melancholic King. Une publicité pour de la margarine aux allures de conte. Il s’agit également du premier film d’animation tchécoslovaque en couleurs. D’autres courts-métrages animés seront, dans les années 1930, produits par l’Allemagne.



Même si on constate que l’actualité internationale ne se reflète pas vraiment dans le cinéma d’animation, elle se ressent néanmoins dans les noms qui produisent et réalisent les films. Cela dit, l’actualité locale ne se rencontre guère non plus dans l’animation, principalement dédiée à vendre toujours plus, (peut-être que les films disparus étaient plus variés). À moins que le but recherché ne soit tout simplement de relancer l’économie par la consommation de produits locaux afin de relancer l’industrie. En effet, le début des années 1930 n’est pas au beau fixe. En 1931, la Tchécoslovaquie voit sa production industrielle baisser. En conséquence de quoi, le pays connaît l’année d’après une grave crise économique qui entrainera en 1933 un chômage massif. Pour parachever le tout, la couronne tchécoslovaque connaît sa première dévaluation en 1934.



Dans un tel contexte, même les marionnettes servent à vendre de la marchandise ! Oui d’ailleurs, quid des fameux pantins ? J’ai argué que les marionnettes deviendraient la marque de fabrique du cinéma d’animation tchécoslovaque, mais où sont-elles alors ?



Elles sont bel et bien présentes assez tôt dans l’animation. Mais avant de s’aventurer plus loin, un bref rappel est nécessaire. L’art des marionnettes est très populaire en Tchécoslovaquie. En effet, les théâtres de marionnettes sont légion au XVIIIe siècle. On considère même qu’au cours du XIXe siècle, les spectacles de marionnettes constituent « pour les Tchèques une forme subtile de résistance culturelle à la domination de l’Empire austro-hongrois1.» De même, au XXe siècle, les marionnettes sont toujours très populaires. Même l’avènement du cinéma n’arrive pas à se substituer à cette tradition. Dans les années 1920-1930, le nom iconique attaché au théâtre de marionnettes est indéniablement celui de Joseph Skupa. Il a modernisé cet art en plus d’être le créateur de deux personnages immensément connus aujourd’hui encore en République tchèque. Il s’agit du père Spejbl créé en 1920 et de son fils Hurvínek créé ultérieurement. Skupa créera en 1930 le premier théâtre de marionnettes professionnel : le Théâtre de marionnettes de Pilsen (Plzeň en tchèque) du professeur Josef Skupa.



Détail intéressant, un certain Jiří Trnka sera élève de Joseph Skupa lorsque celui-ci enseignait les mathématiques et le dessin en 1923 à Pilsen. Ce dernier, sentant les talents de son jeune élève le poussera dans la voie artistique et l’intégrera dans sa troupe de théâtre. Le maître des marionnettes de théâtre passe en quelque sorte le flambeau au futur maître des marionnettes de cinéma. La destinée est quelquefois amusante.



D’un art à l’autre, il n’y a qu’un pas. Le passage se fera en douceur et progressivement. Les deux marionnettes de Skupa sont devenues assez célèbres pour avoir droit à leurs propres films. Comme je l’ai dit plus haut, même les marionnettes vont servir à promouvoir divers objets. Par exemple, on retrouve Spejbl et Hurvínek dans un court-métrage de 1930 : Spejbl’s Case. Ce film, très modeste, fait la promotion de baignoires en émail. Mais c’est surtout Spejbl’s Fascination with Film qui, en 1931, retient l’attention. Premièrement, pour sa longueur de près de 30 minutes, durée assez rare à l’époque. Deuxièmement, il s’agit du premier film d’animation tchécoslovaque sonorisé. Troisièmement, les marionnettes sont animées par Joseph Skupa lui-même. Quatrièmement, le film sera interdit aux moins de 16 ans en raison de son scénario immoral. Enfin, on notera la présence de Jiří Trnka dans l’équipe du film.



Cependant, ces deux films se révèlent laborieux. Il ne s’agit pas en effet d’animation en volume mais bien de théâtre filmé. Il n’y a pas encore le charme inhérent aux productions filmées image par image. Les marionnettes sont animées dans quelques décors différents, mais la mise en scène cinématographique est quasiment absente. De plus, la caméra se révèle très statique. Pour trouver le premier film (existant) en stop motion, il faut se tourner du côté de The Metamorphosis of Uncle Boby (1930). Cette jolie publicité pour de la margarine possède non seulement une intrigue, mais utilise avec une certaine adresse l’animation image par image. Les décors évoquent directement les films ultérieurs en stop motion. On note également, même si c’est sommaire, l’effort d’animer les visages par des variations au niveau de la bouche et des yeux. Cet élément est important, puisque les marionnettes de Jiří Trnka sont connues pour leurs visages figés. Si ce film anime des marionnettes comme personnages, il faut attendre 1933 et To Marry and Not Despair pour voir des objets du quotidien, tels des ustensiles de cuisine, s’animaient à leur tour en stop motion. Un travail qui fait bien sûr penser à celle qui usera beaucoup du stop motion pour donner vie aux objets, Hermína Týrlová.



C’est principalement elle qui œuvre sur les productions stop motion du studio IRE-Film créé en 1933 par Karel Dodal. Ainsi, c’est elle qu’on retrouve à l’animation du film The Secret of the Lucerna Palace en 1936. Film considéré par Giannalberto Bendazzi dans son ouvrage Cartoon Le cinéma d’animation 1892-1992 comme « le premier film national de poupées animées2». Pourtant, d’après ce que j’ai vu, le premier film de marionnettes est The Metamorphosis of Uncle Boby cité plus haut. Toujours est-il que The Secret of the Lucerna Palace est un court film remarquable pour l’animation des personnages et son atmosphère d’inspiration expressionniste. On retrouve encore Hermína Týrlová derrière l’animation des ciseaux et des bobines de fils du film An Autumn Song en 1937. On notera d’ailleurs le défilé militaire des ciseaux, signe des temps qui s’annoncent ?



Dans le film The Adventures of a Ubiquitous Fellow (1936) qui met en vedette la marionnette de Hurvínek, cette fois réellement en stop motion, Týrlová participe de nouveau à l’animation avec la collaboration artistique de Jiří Trnka. Ce film, à vocation éducative, expliquait le fonctionnement de la radiodiffusion et la distribution des ondes radio.



Au cours des années 1930, notamment sous l’impulsion du studio IRE-Film, l’animation gagne en complexité : il y a du stop motion, plus de films en couleurs, du son et même quelques films artistiques d’avant-garde. Bien que rares, ils sont notables. On peut ainsi citer le raffiné The Wizard of Tones (1936), le film d’avant-garde Fantaisie Érotique (1936) et surtout l’allégorique Ideas in Search of Light, qui semble anticiper dès 1938 la venue des troupes allemandes sur le sol tchécoslovaque. En utilisant une abstraction totale, le film convoque les notions de lumière et de chaos. Il s’agira de toute façon de l’un des derniers films du studio. En effet, l’ultime travail du seul véritable studio d’animation tchécoslovaque des années 1930 sera Radio Technology en 1939. Un documentaire scientifique expliquant les principes de l’électricité et de sa distribution.



Hélas, au moment où IRE-Film et avec lui l’animation tchécoslovaque, semblait arrivés à maturité tout s’arrêta. Le 15 mars 1939, les troupes allemandes occupent la Tchécoslovaquie. Le lendemain, Hitler décrète la création du protectorat de Bohême-Moravie ne laissant d’autre choix à Karel Dodal que d’émigrer aux États-Unis. Malheureusement, sa femme Irena Dodalová « est internée en tant que Juive au camp de Terezín d’où elle sera libérée en 19453. » Quant à Hermína Týrlová, elle se rendra aux studios de Zlín (Gottwaldov sous l’ère soviétique) afin d’écrire une nouvelle page de ce studio et du cinéma d’animation tchécoslovaque.



Le studio de Zlín a été fondé en 1935 par Tomáš Baťa, industriel spécialisé dans la chaussure. Sa vocation initiale était de produire des films publicitaires pour promouvoir les chaussures de la marque Baťa. Toutefois, l’histoire du studio va changer au détour des années 1940 avec la venue d’Hermína Týrlová en 1941. Elle va enfin pouvoir s’adonner aux films de marionnettes et laisser éclater tout son talent, elle, qui fut longtemps dans l’ombre du couple Dodal. C’est bien d’ailleurs aux studios de Zlín qu’il faut chercher le vrai début de l’âge d’or du stop motion. Avec seulement deux films, les studios vont montrer la voie à Jiří Trnka et aux autres.



Il y a d’abord, l’un des meilleurs films d’animation tchécoslovaques de la Seconde Guerre mondiale, Ferda la fourmi (1944) réalisé par Hermína Týrlová. D’une durée de 10 minutes, ce film raconte les aventures d’une fourmi aux prises avec une méchante araignée. L’instant est solennel, enfin l’atmosphère indépassable des films en stop motion se ressent pleinement. Les personnages prennent vie, les décors, entre réalisme et artifice, confèrent une dimension intemporelle. L’animation est fluide et la qualité artistique dépasse de beaucoup la majorité des films d’animation tchécoslovaques réalisés jusqu’à maintenant. Contrairement aux marionnettes de Jiří Trnka, les visages sont animés.



Puis, c’est le tour d’un second film. Bien que passés en 1942 sous l’escarcelle d’une maison allemande, les studios de Zlín continuent sur leur lancée avec en 1944 : Rêve de Noël. On doit ce nouveau film de marionnettes à Hermína Týrlová. Cependant, alors que le film était terminé, un incendie ravagea le laboratoire où était stocké le négatif. C’est un petit nouveau qui se chargera de refaire le film, Karel Zeman. Ce dernier se fera aider par son frère, Bořivoj Zeman, pour la partie live. La brillante carrière d’Hermína Týrlová et de Karel Zeman commence donc sous l’occupation allemande, avant de véritablement décoller après la guerre.



Il nous reste un dernier studio à évoquer, et non des moindres, puisqu’il s’agit du studio AFIT (Ateliér Filmových triků). Ce studio, créé en 1935 à Prague, devait servir à faire des trucages, des sous-titres et autres effets spéciaux pour les films live. Mais alors que les studios Barrandov et leurs acquis tombent totalement sous la coupe des Allemands en 1941, il en va de même pour le studio AFIT. L’objectif de l’occupant est d’en faire un studio capable de concurrencer les films de Walt Disney. Le studio va donc être pourvu de gros moyens et va aussi voir éclore nombre de talents en son sein.



Le sujet est parfois délicat à aborder, car peut-être jugé polémique. Pourtant, le cinéma tchécoslovaque a, d’une certaine façon, bénéficié de l’ingérence allemande. Les Studios Barrandov ont été modernisés par les Allemands. De même, le cinéma d’animation connaît finalement un début d’organisation plus poussée avec l’occupation nazie. On constate le même flou artistique quand on évoque le long-métrage de marionnettes de Ladislas Starewitch : Le Roman de Renard (1937 en Allemagne et 1941 en France). Ce film avait bénéficié d’un financement du gouvernement allemand. Ce détail pas toujours relayé, aurait « notamment pour effet de priver aujourd’hui encore le film d’une distribution aux États-Unis, si l’on en croit un collaborateur d’IMDb4.» On me pardonnera de citer un article WIKIPÉDIA (dont les informations sont tout de même souvent vérifiées), mais l’anecdote est suffisamment intéressante pour être mentionnée. Gageons qu’il est en tout cas possible qu’un politiquement correct puisse exister.



Pour l’heure, si c’est bien le couple Dodal avec Hermína Týrlová qui ont donné naissance au cinéma d’animation tchécoslovaque, c’est bien sous la domination allemande que l’on commence à voir la naissance d’une industrie plus puissante. Entre l’argent apporté par l’Allemagne et les artistes formés au sein du studio AFIT pendant la guerre tels que Eduard Hofman, Břetislav Pojar ou Jiří Brdečka, il est difficilement admissible, quand on connait l’importance que chacun prendra quelques années après, que l’Allemagne n’ait, malgré tout, pas joué un rôle.



Un projet de long-métrage adaptant l’opéra Orphée et Eurydice sera même envisagé sous la direction de l’Allemand Richard Dillenz, qui prendra par la même occasion la direction du studio. Néanmoins, le projet échouera. Le seul film qui sortira du studio pendant la guerre sera le dessin animé The Sorcerer’s Apprentice (1943), belle adaptation du poème de Goethe que l’on retrouve dans le film Fantasia de Walt Disney. Toujours est-il que le studio n’apportera pas les résultats escomptés, il sera donc totalement absorbé par la Prag-Film dont il deviendra le département d’animation. Cela n’empêchera pas le nouveau studio d’accoucher de trois superbes dessins animés, innocents et bien animés sous la direction de Horst von Möllendorf. En particulier Wedding in the Coral Sea en 1944 et le touchant A Meteorological House en 1945.


Passons maintenant à la présentation des films d’animation.



Comme pour les dossiers sur le cinéma d’animation soviétique, je mets un pour chaque film que j’estime intéressant à voir. La mention PVR dans les détails techniques des films signifie prise de vues réelles. Je vous laisse maintenant parcourir l’ensemble des films existant encore ci-dessous et je vous donne rendez-vous à la conclusion.


Table des matières

1.Introduction
2.Liste films d’animation 1925-1930
3.Liste films d’animation 1931-1935
4.Liste films d’animation 1936-1940
5.Liste films d’animation 1941-1945
6.Conclusion


1.Xavier Kawa-Topor, Philippe Moins, STOP MOTION un autre cinéma d’animation, Capricci, 2020, p. 108.
2.Giannalberto Bendazzi, Cartoons Le cinéma d’animation 1892-1992, Liana Levi, 1991, p. 242.
3.Xavier Kawa-Topor, Philippe Moins, STOP MOTION un autre cinéma d’animation, Capricci, 2020, p. 110
4.Article Le Roman de Renard (film), WIKIPÉDIA, https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roman_de_Renard_(film)

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