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Le cinéma d’animation ukrainien

CHERKASSKY DAVID (Черкасский Давид Янович), 1932-2018

Place au plus connu réalisateur d’animation du studio Kievnauchfilm ! En effet, il est le seul à ma connaissance avec Ephrem Pruzhanskiy à avoir plusieurs de ses œuvres sorties en DVD par l’éditeur russe Ruscico, avec des sous-titres français. Ses films se distinguent par une utilisation soutenue du papier découpé. Il mélange souvent cette technique avec celle du dessin animé et l’utilisation d’images réelles.

Columbus berthed the land, 1967 (КОЛУМБ ПРИЧАЛИВАЕТ К БЕРЕГУ) – satire

Ce film, par son engagement satirique et son animation expérimentale, est à rapprocher des animateurs soviétiques des années 1960-1970, tels que Eduard Nazarov ou Andreï Khrjanovski. L’histoire est bâtie sur un anachronisme : Christophe Colomb découvre l’Amérique du XXe siècle. Le pauvre arrive au milieu d’une campagne électorale. D’un côté, le parti des « bornés » et de l’autre, des « bigots ». Il s’agit d’une satire de la politique, de la culture et du mode de vie américain. Les deux partis constatent le potentiel qu’il y aurait à s’afficher avec cet être venu d’un autre monde. Par son anachronisme, il fait figure de valeur ajoutée comme un monstre de foire. Celui qui obtient son amitié devient tendance. Une vision assez juste de la mise en scène de la vie politique, comme c’est le cas chez nous aussi avec la campagne électorale et ses nombreuses promesses. Mauvaises langues de soviétiques, dira-t-on ? En êtes-vous bien sûr ? Le scénario ressemble étrangement au film le plus politique d’Harold Lloyd : Patte de chat (1934). L’acteur y incarnait un enfant de missionnaires américains, élevé dans l’esprit et la culture chinoise. Il ne connait rien à celle des Ricains. Ainsi, quand il débarque au pays de la liberté, en pleine campagne électorale, il se verra disputer ses faveurs pour montrer l’ouverture d’esprit de tel ou tel parti. Il en va de même pour Colomb qui ne va rien comprendre, lui qui venait juste prendre possession de cette nouvelle terre au nom de la couronne d’Espagne. La caricature ne s’arrête pas à la politique. Les membres des partis sont ainsi des mafieux ou des cow-boys toujours prêts à en découdre. Une parodie sympathique du cinéma hollywoodien. Les femmes ont des seins comme des obus, sans oublier les gratte-ciels, les voitures… Une vision certes appuyée de l’Amérique, mais réjouissante.


Buffs mystery, 1969 (МИСТЕРИЯ-БУФФ) – satire/théâtre

Plus difficile à comprendre, et pour cause, il s’agit de l’adaptation ambitieuse d’une pièce de théâtre écrite en 1918 par Vladimir Maïakovski. C’est un film complexe entre discours révolutionnaire sur les masses, farce et philosophie. De même que l’œuvre originale, la transposition sur écran se distingue par la foi inébranlable du peuple en sa victoire. D’une durée de 47 minutes, le moyen-métrage arbore une mise en scène complexe faite de papiers découpés, d’animation traditionnelle, de collages et d’acteurs réels. La compréhension de l’ukrainien et/ou la lecture de l’œuvre de Maïakovski sont recommandées.


Wizard Okh, 1971 (ВОЛШЕБНИК ОХ) – conte

Film à l’ambiance fantastique d’une durée de 18 minutes. Un vieux Cosaque n’a que des tracas avec son fils goinfre et feignant. Pour le fortifier, il décide de l’envoyer subir un an d’éducation chez le sorcier Okh. Une sorte de Krabat ou de Harry Potter version ukrainienne ? Toujours est-il que le jeune homme revient fort comme un Turc. S’ensuivront des péripéties au bout desquelles l’apprenti affronte le sorcier dans un duel de magie dans la lignée des Aventures du Prince Ahmed (1929) de Lotte Reiniger ou de Merlin l’Enchanteur (1963) des studios Disney. L’animation est très originale, orchestrée encore une fois sur du papier découpé hautement stylisé. Seule la fin est dans un dessin animé plus classique. La narration est inspirée, sous forme de médaillons traditionnels comme dans les enluminures ou les vieux écrits. L’histoire se déroule ainsi dans plusieurs médaillons animés évoquant des passages des films de Tomm Moore : Brendan et le secret de Kells ou Le Peuple Loup par exemple. L’histoire est basée sur un conte de fées ukrainien accompagné de musique et de chants traditionnels. Il remporta le prix du meilleur court-métrage.


Good bye pharaons, 1974 (Прощайте, фараоны!) – comédie live

Je mentionne ce film à titre indicatif. Je ne l’ai pas regardé intégralement et il ne contient pas de scènes d’animation. C’est une curiosité par son récit qui alterne époque moderne et Égypte antique. Cherkassky a participé à certaines scènes, mais je ne sais lesquelles.

Les Aventures du capitaine Wrongel, 1976-1979 (ПРИКЛЮЧЕНИЯ КАПИТАНА ВРУНГЕЛЯ) – aventure/parodie ♥

C’est, à n’en point douter, l’une des œuvres majeures de son auteur et du studio. Le film est sorti en DVD chez Ruscico avec des sous-titres français. L’histoire s’articule sur un ensemble de 13 courts-métrages qui, mis bout à bout, forment une histoire de plus de deux heures. On peut dire qu’il s’agit d’une mini-série ou d’un long-métrage. C’est une adaptation de l’œuvre éponyme d’Andrey Nekrasov publiée en 1937. Le personnage qui donne son nom au livre et au film est très connu en ex-Union soviétique. À tel point que Wrongel est devenu un nom familier en Russie à l’instar de Münchhausen pour désigner un menteur. Le film a été primé au festival du film de l’union d’Erevan et au festival international du film de télévision de Tchécoslovaquie. L’histoire est une sorte de mélange entre Popeye et le baron de Münchhausen. Un vieux marin, Wrongel (qui a un petit côté Staline, la moustache peut-être), raconte un récit hautement improbable de course de bateaux autour du monde. Les situations surréalistes et dingues se succèdent : le bateau avance grâce à des écureuils dans une roue géante, grâce à l’éternuement d’une baleine, des explosions de champagne et j’en passe. Se rajoute à cette intrigue une affaire de vol d’œuvre d’art. Le pauvre voleur poursuivi par des mafieux italiens se réfugie sur le bateau de Wrongel. Les criminels le traquent, pourchassés eux-mêmes par un agent secret. On est en pleine parodie. Les malfrats et l’agent secret, qui tient plus de l’Inspecteur Gadget, sont des revisites comiques des personnages de films tels que James Bond. Cherkassky montre son goût pour le cinéma américain comme il l’avait fait pour Columbus berthed the land. L’humour est cartoonesque, les personnages dégustent souvent, les chansons sont très présentes, c’est un divertissement fort sympathique. Encore une fois, le papier découpé est hyper stylisé et partage la vedette avec des images réelles et du dessin animé. À noter que le livre a été adapté en film live en 1978 par Gennady Vasilyev sous le titre de The New Adventures of Captain Wrongel.


Docteur Aybolit, 1984-85 (ДОКТОР АЙБОЛИТ) – aventure/parodie/conte

De même que son prédécesseur, Docteur Aybolit s’articule autour de 7 courts-métrages de 9 minutes chacun pour former un ample récit. De même que son prédécesseur, il est lui aussi édité par Ruscico avec des sous-titres français. Cette fois-ci, il s’agit d’une adaptation des œuvres de l’auteur pour enfants Korney Ivanovich Chukovsky. Le premier de ses poèmes à faire vivre le docteur a été publié en 1923. Il publiera par la suite d’autres poèmes narrant les aventures de ce médecin pas comme les autres. Le docteur Aybolit est capable de parler aux animaux et les soigne. C’est en réalité une adaptation russe de l’œuvre de Hugh Lofting : Histoire du docteur Dolittle. Le docteur est encore célèbre aujourd’hui en Russie. Il est si connu qu’on peut le trouver dans les slogans de certains produits médicaux et autres objets. Le méchant de l’histoire, le pirate Barmaley, a même figuré sur un timbre en 1993. L’histoire suit les aventures du docteur dans sa docte mission de soigner tout et n’importe quoi chez les animaux. Il se rend ainsi en Afrique pour secourir ses chers amis rendus malades par les méfaits du pirate Barmaley. Comme pour Les Aventures du capitaine Wrongel, l’humour, les situations invraisemblables s’enchaînent dans un esprit bon enfant : un crocodile avale le soleil, une femme navigue grâce à un parapluie… Le méchant est savoureux, les chansonnettes sont entraînantes. Le film n’a qu’un défaut, il ne dure pas assez longtemps. La technique utilisée est toujours un mélange dans lequel domine le papier découpé. À noter que le docteur Aybolit donnera lieu à deux adaptations en film live : Doktor Aybolit par Vladimir Nemolyayev en 1938 et Aybolit 66 en 1967 par Rolan Bykov.


L’Île au trésor, 1986-1988 (ОСТРОВ СОКРОВИЩ) – aventures/parodie

Bien évidemment, il s’agit d’une adaptation du livre mondialement célèbre de Robert Louis Stevenson. Ce film, lui aussi édité par Ruscico, est en deux parties de 45 minutes environ. Il a gagné le Premier prix ICF des films de télévision en Tchécoslovaquie. Il abandonne le papier découpé, mais garde le même chara design que les précédents films de Cherkassky. Le dessin animé reste la technique la plus employée. Le récit, volontairement parodique, alterne très régulièrement avec des séquences de pirates filmées avec de vrais acteurs, cheap et comiques en noir et blanc. Beaucoup de chansons sont présentes également. L’histoire est toujours aussi prenante et les scènes d’action sont très drôles, surtout vers la fin.

Table des matières

1.Préambule
2.Le début du voyage
3.Cherkassky David (Черкасский Давид Янович), 1932-2018
4.Dakhno Vladimir (Дахно Владимир Авксентиевич), 1932-2006
5.Goncharov Vladimir (Гончаров Владимир Максимович), 1940-2022
6.Gurvich Irina (Гурвич Ирина Борисовна), 1911-1995
7.Kirik Anatoliy (Анато́лій Пили́пович Ки́рик) 1938-?
8.Kostyleva Valentina (Костылева Валентина Андреевна), 1946-?
9.Orshansky Caesar (Оршанский Цезарь Абрамович) 1927-2016
10.Pavlenko Tadeush (Павленко Тадеуш Андреевич) 1934-2004
11.Pruzhansky Ephrem (Пружанский Ефрем Аврамович) 1930-1995
12.Sivokon Yevgeny (Сивоконь Евгений Яковлевич) 1937-?
13.Vassilenko Nina (Василенко Нина Константиновна) 1906-1999
14.Viken Alexander (Викен Александр Владимирович) 1947-?
15.Zarubin Leonid (Зарубин Леонид Семенович) 1926-2003
16.Conclusion

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