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Les débuts du cinéma d’animation tchécoslovaque : 1925-1945

The Magic Pencil (Kouzelná tuzka), 1925, publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, produit par Deulig Film AG pour la société Koh-i-noor Hardtmuth, 3 minutes

Ce premier film est une publicité pour un crayon à papier et une gomme de la société Koh-i-noor. Pendant 3 minutes on nous montre l’utilisation possible du crayon pour quiconque a de l’imagination. On peut dessiner un homme, un lion ou un éléphant. L’histoire est assez drôle et le film se suit bien.



Schichtal or Radion (Schichtal nebo Radion), 1925, publicité, PVR/papier découpé, noir et blanc, muet, produit par Schicht Ústí nad Labem, 1 minute

Ce très court film d’une minute montre deux hommes (des acteurs live) en train de se disputer pour savoir quel est le meilleur produit. Puis, la deuxième partie en papier découpé énumère quatre produits comme du dentifrice, de la graisse de noix de coco, du savon ou encore de la lessive.



See How Two Boys and a Dog Fool around These Days ! (Vizte vše, co tropí dnes kluci dva a jeden pes!), 1925, publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, avec la collaboration de Karel Dodal et Hermína Týrlová, produit par Propagafilm, Sana Prague, 7 minutes

Film d’une durée de sept minutes (quand même) qui vante les mérites, pour la santé, les muscles et le portefeuille, de la margarine Sana. L’animation est assez raide.



How Can One Receive Favour (Jak může člověk získati přízeň), 1926, publicité, papier découpé, noir et blanc, muet, 4 minutes

L’histoire ne manque pas d’humour et pourrait même faire jaser aujourd’hui, encore qu’on continue à utiliser les mêmes arguments pour vendre des produits. L’histoire se révèle croustillante tant elle en dit long sur les aspirations masculines et féminines. Un homme souhaite draguer une belle femme habillée avec élégance. Mais, ses chaussures sont dignes d’un clochard comme nous le montre le gros plan. La jeune fille lui dit qu’il ne risque pas d’attraper une femme dans ses filets. Un peu plus loin, le pauvre hère rencontre un homme richement vêtu et surtout joliment chaussé, charmant sans aucun problème la fille à ses côtés. Alors même que ses manières sont plutôt directes : caresse du fessier, baiser dans le cou… Mais qu’importe ! La femme est une créature volage et matérialiste que la grossièreté ne gêne pas tant que les chaussures sont là. Ni une ni deux, notre ami s’en va acquérir le sésame qui lui permettra de passer une nuit avec la femme de ses rêves. Bien sûr, dès qu’elle le voit ainsi métamorphosé, elle se jette à son cou, non sans avoir inspecté les pieds du prétendant. Le film joue évidemment sur la confiance que procure une belle apparence, ainsi que sur la présupposée légèreté féminine. Fait-on mieux aujourd’hui ? En tout cas, l’histoire est croustillante. L’animation en papier découpé s’avère de qualité en plus d’être stylisée. De plus, les têtes se déforment laissant planer une possible influence des cartoons. Il est à noter que les chaussures Baťa, appartiennent à Tomáš Baťa, riche entrepreneur qui possédait une des plus grandes sociétés multinationales de distribution et de fabrication de chaussures. C’est également lui qui fondera les studios de cinéma de Zlín en 1935 afin de produire des films industriels et des publicités.



The New Adventures of Felix the Cat (Nové dobrodružství Kocoura Felixe), 1927, publicité/agit-prop, dessin animé, noir et blanc, muet, réalisé par Karel Dodal et animé par Hermína Týrlová, produit par Elekta Journal Prague, 1 minute

Il s’agit d’un des premiers films d’animation de Karel Dodal. Le réalisateur tchèque fut, à ses débuts, très marqué par le cinéma d’animation américain puisqu’il se sert directement du personnage de Félix le Chat issu du cartoon éponyme. Félix est ici utilisé dans un but de propagande afin d’inciter les gens à donner leurs économies aux banques. On est assez loin des films d’animation soviétiques qui incitaient la population a acheté des bons du trésor comme dans Nous resterons à l’affût (1927). Ce film exaltait la puissance soviétique. Ici, seul l’humour est utilisé pour le message du film, il n’y a pas d’agressivité. Il est à noter que les deux films datent de la même année. L’économie tchécoslovaque était justement en crise, d’où probablement la raison de ce film. Côté animation, c’est très moyen.



Felix the Cat Receives a Lesson (Poučení kocoura Felixe), 1927, publicité/agit-prop, dessin animé, noir et blanc, muet, réalisé par Karel Dodal et animé par Hermína Týrlová, produit par Elekta Journal Prague, 50 secondes

Il s’agit exactement du même type de film que le précédent, mis à part qu’il est plus court.



Bubbles ou Bublees (Bublínkové), 1928, publicité, PVR/dessin animé, noir et blanc, muet, produit par Heidemann Berlín et Schicht Ústí nad Labem, 4 minutes

Le film montre combien est difficile la vie d’une blanchisseuse et vante l’efficacité de la lessive Schichtal pour ce travail, la même marque présente dans le film Schichtal or Radion (1925). Bubbles fut produit à Berlin.



Not just on Earth (Nejen na zemi), 1928, publicité/fantastique/science-fiction, dessin animé, noir et blanc, muet, réalisé par Přemysl Pražský, Eduard Šimáček, 2 minutes

Ce film assez drôle est une publicité pour une marque de cigarettes.



The Champion (Šampion), 1928, publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, produit par Piras-Thalia Prague, 4 minutes

Publicité pour la margarine Ceres qui est présentée comme plus grasse, plus nutritive et plus attractive que d’autres produits comme l’œuf, le beurre, le chocolat ou encore une oie.



The Significant Personalities of Our Lives (Významné osobnosti našeho života), 1928, Kulturfilm, dessin animé, noir et blanc, muet, 3 minutes

Le film montre un crayon dessinant les portraits de différentes personnalités politiques ou artistiques tchécoslovaques comme Tomáš G. Masaryk, Alois Rašín, Jindřich Fügner, Bedřich Smetana et surtout Edvard Beneš, futur président de la Tchécoslovaquie. L’animation n’a que peu d’intérêt.



The Beet Rebellion (Vzpoura řepy), 1928, Kulturfilm/fantastique, dessin animé, noir et blanc, muet, réalisé par Svend Noldan, produit par Propagafilm, 10 minutes

Voici un film différent des autres, enfin ! Son but est d’expliquer aux agriculteurs qu’ils auront des betteraves plus grosses et un meilleur rendement s’ils utilisent du potassium et non seulement les méthodes traditionnelles. Le scénario se veut amusant puisque des betteraves se rendent compte que leurs voisines du champ d’à côté sont bien plus grosses. Elles se révoltent alors pour obtenir des engrais artificiels. Le procédé est assez proche de certains films d’animation soviétiques. À noter que le réalisateur allemand Svend Noldan était un spécialiste des cartes animées que l’on pouvait retrouver dans des documentaires ou divers films de propagande de l’époque. Au hasard, il a travaillé comme animateur sur le film de Leni Riefenstahl : Le triomphe de la volonté (1935).



A Water Sprite in Love (Zamilovaný vodník), 1928, cartoon/comédie fantastique, dessin animé, noir et blanc, muet, réalisé par Hermína Týrlová, produit par Propagafilm, 10 minutes

Film intéressant à plus d’un titre ! Déjà, on ne vend pas de produits ou de messages, il s’agit réellement d’un film de divertissement à part entière. Ensuite, c’est le premier film d’animation d’Hermína Týrlová, futur grand nom de l’animation tchécoslovaque. Elle a collaboré avec son mari d’alors, Karel Dodal. Pour une fois, l’intrigue existe. Nous suivons une famille de tritons. Pendant que la mère s’occupe des enfants, le père, lui, part s’amuser avec des filles. Malheureusement, son adorable femme finit par s’en apercevoir… Il y a beaucoup d’imagination et de gags pour cette histoire assez adulte. Le style est toujours inspiré par les cartoons américains. On peut le voir dans la mise en scène proche de la comédie musicale, mais également dans des détails graphiques comme l’apparence des musiciens et de la danseuse. Leurs bouches sont lippues comme celles des Afro-Américains dans les cartoons. Même si nous sommes assez loin des standards américains en la matière, plus caricaturaux. En outre, la scène de danse n’est pas sans évoquer les danses des cannibales des dessins animés du pays de l’Oncle Sam.



Fat Cows and Thin Cows (Kravky tučné a hubené), 1929, Kulturfilm/publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, produit par la société Elekta Journal Prague, 6 minutes

Il s’agit à nouveau d’une publicité pour vendre de l’engrais de potassium. On reprend peu ou prou l’idée du film The Beet Rebellion. Cette fois, on effectue la comparaison entre un paysan qui n’utilise pas d’engrais pour ses champs, et un second qui, lui, en fait usage. Le résultat est sans appel ! Le premier voit ses vaches maigres donner de moins en moins de lait car elles sont nourries avec des aliments de mauvaise qualité. Alors que son voisin leur donne de beaux légumes, elles deviennent donc bien grasses, donnent du lait et gagnent même des concours. Vive le potassium !



In Heaven and On Earth (Na nebi a na zemi), 1929, publicité, PVR/dessin animé, noir et blanc, muet, produit par Excentric film Berlín et Schicht Ústí nad Labem, 3 minutes

C’est une publicité pour du dentifrice. Les femmes sur Terre utilisent du dentifrice pour avoir les dents bien blanches. Mais ce produit est tellement puissant qu’on l’utilise même au paradis. Nous pouvons voir de « mignons » petits anges se brosser diligemment les dents trois fois par jour. Au passage, les visages des anges sont semblables à des poupées malsaines : vides, souriant bêtement et impassibles. Le film a été produit à Berlin.



Not All Potatoes Are the Same (Není brambor jako brambor), 1929, Kulturfilm/publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, produit par Propagafilm, 5 minutes

Une nouvelle publicité pour de l’engrais au potassium. On reprend encore l’opposition entre deux voisins, l’un utilise des moyens traditionnels quand le second fertilise ses champs avec du potassium. Évidemment, ce dernier a de plus grosses pommes de terre que le premier.



A Cabin Boy on Salty Water (Plavčíkem na slané vodě), 1929, cartoon/publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, réalisé par Karel Dodal et animé par Hermína Týrlová, produit par Elekta Journal Prague, 8 minutes

Karel Dodal reprend à nouveau Félix le Chat pour faire de la publicité à de grands magasins de Prague. Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a de l’idée dans le scénario. Félix et un marin se retrouvent prisonniers de méchants cannibales. Ces derniers exigent des produits occidentaux comme une moto, un manteau, des chaussures… En échange de quoi ils épargneront la vie des deux captifs. Même en Afrique on veut du confort moderne quoi ! La société occidentale impose peu à peu son mode de vie dit « civilisé » aux sauvages. On retrouve étonnamment un petit discours colonial tout à fait dans l’air du temps. En tout cas, le préjugé est bien utilisé. Rajoutons que la représentation des cannibales n’est pas plus appuyée que d’ordinaire.



The Development of Systematic Electrification of West Bohemia (Vývoj soustavné elektrisace Západních Čech), 1929, Kulturfilm/documentaire, dessin animé, noir et blanc, muet, 10 minutes

Ce film montre l’électrification du pays de 1919 à 1929 au moyen de cartes animées et de textes explicatifs. Une utilisation de l’animation à des fins informatives qu’on retrouvait également en Union soviétique.



Bimbo’s Unfortunate Adventure (Bimbovo smutné dobrodružství), 1930, cartoon, PVR/dessin animé, noir et blanc, muet, réalisé par Karel Dodal et animé par Hermína Týrlová, produit par Elekta Journal Prague, 10 minutes

Si l’utilisation de Félix le Chat par Karel Dodal n’avait pas convaincu de l’influence américaine, je pense qu’avec ce film on ne peut plus le nier. En effet, Bimbo le clown est une copie tchécoslovaque de Koko le clown, personnage principal de la série animée des frères Fleischer Out of the Inkwell (1928-1929). Pour autant, le film est supérieur au reste de la production contemporaine tchécoslovaque. La mise en scène, plus recherchée, fait le lien entre le créateur et le personnage d’encre, donc bâtit un pont entre réalité et fiction. De l’humour, de l’imagination, un peu plus de finesse, on commence à avoir des films intéressants.



Vitello, the Good Cuisine (Dobrá kuchyně Vitello), 1930, publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, produit par Excentric film Berlín et Centra Děčín, 8 minutes

Une nouvelle publicité pour de la margarine. Le film est inintéressant puisqu’il prend la forme d’une recette de cuisine avec ledit produit. Ce court-métrage a été produit à Berlin.



Krása Footwear (Obuv Krása), 1930, publicité, papier découpé, noir et blanc, muet, 1 minute

Publicité pour des chaussures. Un lion en Afrique dévore un à un tous les cannibales qui veulent lui faire la peau. Arrive alors un Européen équipé de super chaussures ! Le lion le laisse alors vivre grâce à elles. On retrouve encore l’opposition pratique entre le sauvage et l’Occidental bénéficiant de produits modernes.



When One Really Craves Travelling (Podniká-li někdo cestu), 1930, publicité, dessin animé, noir et blanc, muet, produit par Excentric film Berlín et Centra Děčín, 4 minutes

Une nouvelle publicité pour la margarine Vitello. Pas grand-chose à dire, à part peut-être le travail sur le mouvement lors de la scène avec le train.



The Metamorphosis of Uncle Bobby (Proměna strýčka Bobyho), 1930, publicité, stop motion/marionnettes, noir et blanc, muet, produit par Excentric film Berlín et Schicht Ústí nad Labem, 5 minutes

Bien qu’il s’agisse d’une nouvelle publicité pour de la margarine, le film est notable pour sa mise en scène et l’utilisation (enfin !) du stop motion et des marionnettes, l’un des premiers à le faire en Tchécoslovaquie. On nous montre comment la marque Vitello choisit avec soin les ingrédients pour le produit final : la margarine. Un homme en costume de ville se rend auprès d’une vache pour son lait et d’une poule pour ses œufs, mais les deux animaux lui refusent. Il va alors demander de l’aide au roi magique de la forêt qui le transforme en une jolie fermière. Si on ne manquera pas de s’interroger sur ce que la fille a de plus que l’homme, les deux animaux se montrent bien plus conciliants. Il y a un réel effort d’intrigue, la quête des ingrédients à elle seule est suffisante. Le recours à la magie apporte une dose de fantaisie bienvenue. Et enfin, l’utilisation des marionnettes est très honorable. Elles sont assez détaillées et convenablement animées. Les décors sont tour à tour peints ou en volume. Même l’introduction est soignée.



Spejbl’s Case (Spejblův případ), 1930, publicité, théâtre de marionnettes, noir et blanc, muet, produit par Slavia Advertising Prague, 4 minutes

Un nouveau film de marionnettes ! Bien que le court-métrage soit moins recherché que le film précédent, il est notable car il utilise les fameuses marionnettes de Spejbl et Hurvínek créées par le célèbre marionnettiste Josef Skupa. Ici, les personnages sont utilisés pour faire la publicité d’une baignoire moderne en émail plus agréable que le vieux bac en bois. On remarque, au début, un crédit où l’on remercie Josef Skupa pour l’autorisation d’utiliser ses créations.



Table des matières

1.Introduction
2.Liste films d’animation 1925-1930
3.Liste films d’animation 1931-1935
4.Liste films d’animation 1936-1940
5.Liste films d’animation 1941-1945
6.Conclusion

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