Le cinéma d’animation soviétique des débuts de l’URSS à la fin de la Seconde Guerre mondiale : première partie (1924-1930)
Après le dossier sur le cinéma d’animation ukrainien, j’avais en tête d’en faire un autre sur le cinéma d’animation soviétique. Mais pas sur les périodes les plus connues, pas marrant sinon… Donc, pas sur les années 1950 où la production de films d’animation a donné des films de contes réputés comme La Fleur écarlate (1952) et La Reine des neiges (1957) de Lev Atamanov, ou les films des réalisateurs Ivan Ivanov-Vano ou Mikhaïl Tsekhanovsky. De même, je ne parlerai pas de la période qui court des années 1960 à la fin de l’URSS, pourtant très riche en animation, plus variée et plus critique d’ailleurs que le formatage des années 1950. Cette période, qui verra émerger nombre de réalisateurs connus comme Fiodor Khitrouk, Andrzej Kyanovsky, Youri Norstein ou encore Roman Katchanov, fera peut-être un jour l’objet d’un autre dossier sur mon site.
J’ai tenu à présenter le plus largement possible le cinéma d’animation du début de l’Union soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La production d’animation de 1923 à 1945 est moins connue, bien que certains films d’animation de propagande soient arrivés jusqu’à nous. Pourtant, c’est la période soviétique la plus intéressante politiquement. Entre l’euphorie artistique des débuts, la prise du pouvoir par Staline, la promulgation du réalisme socialiste, la Grande Guerre patriotique… À chaque fois, le cinéma d’animation va être très fortement lié au contexte politique. Le pouvoir bolchévique va s’imposer par étapes. De même, l’assujettissement complet du cinéma et de l’art au pouvoir ne s’est pas fait du jour au lendemain. L’animation, à sa façon, est révélatrice de l’évolution de la politique et du contexte, cela se voit parfois même d’une année sur l’autre. On ne peut nier que l’art est résolument lié à un contexte politique quel qu’il soit. L’utilisation de l’animation pour promouvoir la propagande d’idées n’est pas le seul fait de l’URSS. Les États-Unis, ce grand bastion du divertissement, n’est pas un enfant de chœur en la matière. Sans faire de polémique, le contexte actuel allant jusqu’à censurer des artistes russes, qui ne sont pourtant pas responsables de la guerre en Ukraine, semble faire oublier que les autres ont parfois fait pire. Mais, dès qu’une nouvelle cible est sous nos yeux, le passé a tendance à disparaître… Je trouve utile de rappeler que l’art, d’une façon générale, est lié, qu’on le veuille ou non, à un contexte et que l’oublier est parfois fort pratique et pas si innocent que cela.
Dans l’introduction j’ai donc tenu à mettre en parallèle l’évolution politique et artistique. J’ai fait en sorte de lier les deux pour souligner leur relation. Ainsi, j’ai évoqué la mise sous tutelle du cinéma par l’État, ses conséquences et sa matérialisation dans l’animation. J’aime à penser que tout est lié, et dans ce genre de contexte à plus forte raison. C’est pourquoi l’introduction de ce dossier pourra paraître dense, mais pourtant primordiale.
Pour la partie catalogue de films, j’ai évoqué beaucoup de films d’animation. J’ai précisé, quand cela était possible, le titre français (sinon le titre anglais) et bien évidemment le titre en russe. Une grande partie des films sont trouvables sur Youtube. Malheureusement, les sous-titres anglais sont rares. Je ne parle pas plus le russe depuis le dossier sur l’Ukraine. Donc, pour certains films, il est vrai que j’ai été parfois en difficulté. Mais souvent, ces films sont suffisamment parlants pour être compris. De plus, on peut trouver des détails et des résumés sur internet. Il existe par ailleurs une édition de films d’animation soviétiques de propagande chez nous dans un joli coffret : Animated Soviet Propaganda. Celui-ci contient également des documentaires qui restituent le contexte.
Pour chaque film, je cite le ou les réalisateurs ainsi que les animateurs, le genre, le type de technique et le studio. Je propose un résumé, ainsi qu’une analyse quand cela s’avère possible. Pour ceux qui souhaiteraient aller plus vite et visionner les films les plus intéressants (vous faites bien), j’ai placé un cœur derrière chaque film que je pense être à voir.
Que dire de plus ? J’ai déjà précisé dans ce préambule pourquoi j’ai choisi cette période, mais cela tient aussi à ma vision des choses, pourquoi toujours parler de ce qui est répandu, que tout le monde connait et qui sort aujourd’hui au cinéma ? J’aime défricher des terrains plus obscurs qui font quelquefois l’objet de fantasmes ou d’idées reçues. Or, je trouve sincèrement que cette période est passionnante à analyser tant elle a évolué rapidement en même pas 30 ans. Je n’ai probablement pas traité tous les films de cette époque, mais je pense que la majorité y est quand même évoquée. Je ne les ai pas tous trouvés et bien entendu, beaucoup ont également disparu. Cela dit, le nombre de films présentés est suffisamment important pour se faire une idée précise. Pour éviter un dossier trop long, j’ai choisi de le découper en trois parties que je publierai à une semaine d’intervalle.
Je n’aborde pas le cinéma d’animation de la Russie tsariste d’avant l’URSS. Cela serait hors-sujet et je l’ai fait dans le dossier sur Ladislas Starewitch.
J’espère que vous apprécierez, et maintenant assez de blabla.
Table des matières
1.Préambule
2.Introduction
3.Liste films d’animation 1924-1930